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« Aujourd’hui, nous n’avons aucune difficulté à trouver des gens qui viennent frapper à notre porte avec de formidables projets. Aujourd’hui, le Crédit Coopératif n’a aucune difficulté à lever de l’épargne pour des projets investis dans la solidarité ». Voilà un banquier heureux ? Jean-Louis Bancel, le Président du Crédit Coopératif ne le cache pas. Aujourd’hui, afficher que l’on refuse de mener des opérations dans les paradis fiscaux et développer une action financière solidaire est porteur. Jean-Louis Bancel a accordé une interview à Nord-social.info.
Nord-social.info : vous affirmez que l’économie sociale de terrain va bien ?
Jean-Louis Bancel : « oui, aujourd’hui l’économie sociale de terrain va bien. Nous n’avons aucune difficulté à trouver des gens qui viennent frapper à notre porte avec de formidables projets. Aujourd’hui, le Crédit Coopératif n’a aucune difficulté à lever de l’épargne pour des projets investis dans la solidarité ».
Nord-social.info : comment expliquer ce phénomène ?
Jean-Louis Bancel : « Le Crédit Coopératif croît en terme de ressources parce que c’est un modèle différent. J’ai un tas de gens qui font la queue pour travailler au Crédit Coopératif, pour être clients aussi. Le combat pour nous est, aussi, un combat sur l’identité. ».
Nord-social.info : vous dites que le Crédit Coopératif doit être utile à ceux qui veulent que ça change ?
Jean-Louis Bancel : « la nature du métier de banquier est de collecter de l’épargne, des dépôts à vue et de prêter de l’argent, mais c’est aussi de prêter à des gens qui ont des idées pour faire bouger leur monde. Le métier de banquier, c’est d’être à côté de ses sociétaires et de ses clients, mais pas d’être à leur place »
Nord-social.info : quel est le rôle de l’assemblée générale dans une banque coopérative ?
Jean-Louis Bancel : « C’est le propre même des structures de l’économie sociale d’être des structures démocratiques. La démocratie s’acquiert par l’assemblée générale des sociétaires. C’est le lieu où l’on doit rendre des comptes, mais c’est aussi le lieu où l’on doit définir la stratégie et co-construire l’entreprise. L’assemblée générale n’est pas un lieu où on fait l’inspection des travaux finis, c’est aussi le lieu où l’on fabrique l’entreprise que l’on veut avoir. Il faut que l’on retrouve les vertus de la bonne vieille assemblée générale. Certes, il faut utiliser de nouveaux outils, mais il faut savoir les intégrer tout en travaillant aussi avec les anciennes méthodes ».
Nord-social.info : pourquoi parlez-vous de retour ?
Jean-Louis Bancel : « ça a existé, mais aujourd’hui pour des tas de raison d’ordre institutionnel, nos assemblées générales sont devenues comme les assemblées générales de n’importe quelle société ou entreprise. C’est un travail de travaux finis. Il faut aller au-delà ».
Nord-social.info : la participation des sociétaires est-elle en question ?
Jean-Louis Bancel : « Nos structures sont des structures de liberté d’adhésion, de création, de participation, et de solidarité ». « La crise nous amène à redécouvrir l’économie sociale et solidaire. Aujourd’hui les gens veulent voir, veulent savoir, veulent que les choses se passent avec plus en plus de transparence. Les gens veulent savoir ce que l’on fait de leur fric. Nous sommes donc amenés à travailler en transparence en expliquant, par exemple, que le Crédit Coopératif c’est zéro paradis fiscaux ».
Nord-social.info : c’est important de ne pas travailler avec les paradis fiscaux ?
Jean-Louis Bancel : « Chacun d’entre nous dans ses actes peut contribuer à ce que les paradis fiscaux se réduisent. Certaines collectivités locales ont choisi de travailler avec le Crédit Coopératif parce que le Crédit Coopératif c’est zéro paradis fiscaux ».
Nord-social.info : les valeurs sont toujours au cœur des activités du Crédit Coopératif ?
Jean-Louis Bancel : « L’innovation, c’est retrouver les valeurs de liberté et de solidarité consenties. Le local, c’est bien. Mais la solidarité ne doit pas s’y limiter. Elle doit aussi être globale ». « Il faut que l’ESS ait une vision internationale. Il faut que nous aidions nos amis chinois ».
Nord-social.info : Que signifie l’efficacité économique dans le champ de la solidarité ?
Jean-Louis Bancel : « C’est rendre des comptes. Dans une société de liberté, tous les jours nos adhérents, nos clients, votent avec leurs pieds. Si on n’a pas d’efficacité sociale et économique, ils nous plantent. Comment donc trouver des liens à travers la fidélité ? Il nous faut donner envie de rester fidèle aux structures de l’économie sociale et solidaire. Il faut donner envie de donner et envie de rester. Le changement se fera par une agglomération progressive faite de la volonté et de décisions individuelles ».