Rencontres Sociales

Interviews et textes de références

Max Théret : un hommage de Marcel Caballero

26 février 2009

Max Théret vient de mourir à l’âge de 96 ans. Militant politique, il avait dans les années 50 créé avec André Essel la FNAC et était demeuré un dirigeant d’Economie sociale. Il avait notamment été président de l’ICOSI. Son ami Marcel Caballero en trace un portrait.

MAX THERET

Max Théret vient de nous quitter. Il avait 96 ans, mais il restera dans la mémoire de ceux qui l’ont connu et aimé l’éternel adolescent qui aura poursuivi, jusqu’au bout, son rêve de jeunesse : un monde juste et harmonieux, en un mot fraternel.

Le chroniqueur pressé retiendra l’homme d’affaire, le fondateur de la FNAC et de mille autres réalisations moins connues, mais tout aussi impressionnantes du point de vue de la réussite économique. Ses amis, eux, savaient qu’il avait été de tous les justes combats. Proche de Léon Trotski, il participe à la révolte des mineurs asturiens, en 1934 (Il avait 20 ans). Ce sont ensuite les brigades internationales de la guerre d’Espagne, puis la Résistance dans le Vercors,…

L’Espagne – dont il parlait parfaitement la langue – il ne l’a jamais oubliée. Avant et après la mort de Franco, il n’a cessé d’y aider, à sa manière, au rétablissement de la démocratie. D’abord, en créant, avec Jean Cassou et Colette Audry, le Comité d’Aide à la Résistance Espagnole et plus tard en aidant le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol et l’Union Générale des Travailleurs à reconstruire leurs infrastructures. C’est là que nous avons œuvré ensemble, jusqu’à découvrir que d’autres pays, le Portugal en particulier, nécessitaient les mêmes efforts de solidarité. Ces aides, d’abord apportées avec « les moyens du bord », ont été ensuite organisées en partenariat avec les organisations françaises désireuses de contribuer à l’émergence d’une Europe sociale (FO, la Mutualité Française,…) Ce fut la naissance de l’Institut de Coopération Sociale Internationale (ICOSI), en 1983. Max en fut, tout naturellement, le premier président.

Max pratiquait discrètement, mais fidèlement et quelquefois substantiellement, le mécénat politique. Toujours à gauche, il va sans dire, mais avec éclectisme. Alain Krivine, Michel Rocard, François Mitterrand,… lui en ont été reconnaissants. Avec ce dernier, ce fut, en particulier, l’aventure coûteuse du Matin de Paris.

Un aspect moins connu et plus surprenant : cet homme d’affaire qui disait de lui-même : « Je ne sais rien entreprendre sans que cela produise de l’argent », était un authentique coopérateur. Qui se souvient aujourd’hui que FNAC signifiait à l’origine Fédération Nationale d’Achat des Consommateurs et qu’elle était constituée sous forme d’association ? Ou encore que, lorsque Max Théret et André Essel, les co-fondateurs, décidèrent de se séparer et, pour cela, de vendre la FNAC, Max réussit à imposer qu’elle intègre la Fédération Nationale des Coopératives de Consommation ? Il vécut mal que la greffe ne prit pas… Et enfin que, lorsque Georges Rino fonda le Chèque Coopératif Restaurant (aujourd’hui Groupe Chèque Déjeuner et toujours coopératif) Max lui accorda la caution financière sans laquelle aucune banque n’eut pris le risque ?

Max a rédigé ses mémoires. J’ai eu le rare privilège d’en lire les passages sur les moments vécus ensemble. Il avait décidé qu’elles ne seraient pas publiées de son vivant. Je l’entends encore, dans un éclat de rire malicieux et tellement juvénile : « Je ne veux pas, en publiant ce bouquin, passer mes dernières années dans les prétoires ! »

Sois rassuré, Max. Ceux qui t’ont aimé t’ont déjà jugé… et condamné à vivre éternellement dans leur souvenir.

Marcel Caballero
25 février 2009

Dans la même rubrique

Sur le web (fils RSS et sites associés)

Actualités

Tous les articles de la rubrique

Livres et publications

Tous les articles de la rubrique

Creative Commons License Sauf mention contraire, le contenu de cette page est sous contrat Creative Commons
Ce site est réalisé avec logo spip logiciel sous licence GNU/GPL - Contact - Plan du site - Rédaction