« Pourquoi nous devient-il insupportable que l’on détruise le travail, et qu’en détruisant le travail on détruise les individus, on détruise les entreprises, les communautés de travail et la société elle-même. »
Cette question, formulée par Sébastin Jousse, était au cœur des débats qui animèrent les soirées du Ciné Cité Social, la semaine du cinéma social et solidaire qui, à Lille, lança le mois de l’économie sociale et solidaire à la fin octobre.
Organisée et portée par le comité d’établissement des cheminots du Nord – Pas-de-Calais, le comité d’entreprise d’EDF, la Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire (CRESS), par l’association des Acteurs pour une Economie solidaire (APES), l’association Travail et Culture, la Ville de Lille, la SCIC A La marge, la Scop ARIA-Nord, la MACIF, cet événement témoigne de la volonté de l’ensemble de ces acteurs de tisser des liens et des relations.
Une rencontre entre le monde de l’économie sociale et solidaire et le monde syndical
Cette manifestation a, cette année, pris la relève de« 3001, l’Odyssée des Possibles », un festival du cinéma social, qui, l’an passé, à l’initiative du comité d’établissement des cheminots avait entamé une rencontre entre d’une part les comités d’entreprises et d’autre part les organisations et entreprises de l’économie sociale et solidaire.
Amorcée l’an passé, cette rencontre s’est amplifiée et poursuivie cette année. Après une soirée consacrée au lancement officiel du mois de l’économie sociale et solidaire dans le Nord –Pas-de-Calais, au cours duquel une centaine de manifestations est programmée, trois soirées ciné – débat s’en sont suivies à la gare Saint-Sauveur, le nouveau centre culturel en vogue dans la métropole lilloise.
Au total, plus de 600 personnes ont participé à ces trois soirées. Certaines affichant complet, des candidats durent être refusés. Le festival d’automne lillois du cinéma social et solidaire a incontestablement remporté un franc succès et trouvé un public. Il devrait être reconduit et amplifié dans les années qui viennent.
Un sujet : trois films, trois débats
Chacune des soirées étaient conçues avec en ouverture la projection d’un film suivi d’un débat. Au cœur des trois soirées, les débats, interrogations et questionnements portèrent sur le travail. Qu’est-il devenu aujourd’hui ? Pourquoi est-il mis à mal ? Est-il en voie de destruction ? Pourquoi tant de souffrance au travail ? Pourquoi l’attaque contre le travail, c’est aussi une attaque contre les services publics ? Une question posée par le film documentaire de Sébastion Jousse, « Cheminots » réalisé grâce au comité d’établissements des cheminots de la région Provence Côte d’Azur. Mais face à ces attaques contre le monde du travail existe-t-il des réponses ? Le modèle coopératif, vu à travers l’expérience de Mondragon, est-il l’une des ces réponses possibles ? La coopérative basque employant plus de 80 000 salariés est la plus grande coopérative de production au monde. Mais son rachat de l’entreprise Brandt en difficulté pose question quand aux méthodes employées ? La coopérative devenue multinationale perd-t-elle sa singularité coopérative ?
A travers tous ces sujets, ce fut bien la question du travail, de son sens, de sa valeur, de son appropriation, ou de sa déposssession pour les salariés, qui fut posée, examinée, débattue. Un questionnement qui parcourt toute la société, interpelle autant le monde de l’économie sociale et solidaire que le monde syndical. Une question de société qui n’est pas près d’être refermée !
Jean-Paul BIOLLUZ
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