Dieu (si j’ose écrire en parlant de lui) qu’il aurait aimé vivre les instants intenses que la gauche a hier vécus. Je me souviens il y a quelques années alors qu’il recevait de sa section PS une médaille pour ses cinquante ans de Parti socialiste. Nous étions là, Yves Forestier et moi-même, à l’entendre revendiquer sa rupture de quelques années où, face à la politique de Guy Mollet en Algérie, il avait quitté la SFIO et participé à la création du PSA qui deviendra PSU avant de réintégrer la PS lors de sa refondation. Mais c’est surtout le militant coopératif qui domine dans la vie de ce syndicaliste devenu un grand chef d’entreprise. Je me souviens là encore de Pierre Roussel me recommandant à lui pour parfaire mon apprentissage de coopérateur.
Patron élu, il ne trahit jamais son engagement syndical premier et il sut entraîner dans sa démarche tant la CFDT que la CGT et d’autre forces syndicales. Patron élu, il fit de la Scop dont il était président un modèle social autant qu’un laboratoire d’idées. Patron élu, il fit face à la concurrence de groupes multinationaux en maintenant en France la primauté de son enseigne.
Mais ce qui marquait chez cet homme, c’était son humanisme et sa générosité, jamais pris en défaut, son humour et sa joie de vivre aussi.
Nous sommes nombreux à le pleurer, mais aussi à espérer dans ce monde qu’il contribua à devenir plus juste et plus éclairé.
Jean Philippe Milesy, Délégué général de Rencontres sociales
Illustration : Chèque Déjeuner
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