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«  Prévenir les risques sociaux dans l’industrie automobile  : élaboration d’une méthode d’action.  »

11 février 2011

Emergences vient de publier un DVD consacré à une recherche-action entreprise avec la CGTchez Renault.
Nous publions ici l’article que notre ami Yves Housson lui a consacré, le 31 janvier 2011, dans l’Humanité.
On peut consulter l’étude en ligne sur www.emergences.fr.

L’aventure d’une recherche-action chez Renault en DV

L’expérience est encore rare et mériterait assurément de faire école  : deux années durant, un groupe d’une trentaine de syndicalistes des usines Renault et quatre chercheurs en ergonomie et en médecine et santé au travail ont ausculté ensemble le travail tel qu’il se fait, tel qu’il est vécu, tel qu’il apporte fierté et/ou souffrance dans les bureaux et les ateliers du groupe industriel. En se lançant dans cette «  aventure inédite  », dixit l’un des participants, la CGT de Renault, appuyée par un institut de recherche, l’Ires, et un cabinet de conseil aux CHSCT, Émergences, voulait surmonter un sentiment d’impuissance face aux redoutables transformations du travail 
à l’œuvre depuis plus de deux décennies et qui se soldent par une explosion de maux dont on mesure chaque jour davantage la gravité. Comme l’explique Fabien Gache, délégué syndical central, il s’agissait de «  sortir du constat  » des difficultés pour élaborer une «  stratégie efficace  », afin de peser sur les situations de labeur des salariés. Pendant deux ans, se nourrissant d’enquêtes de terrain, les militants ont croisé leurs regards, leurs savoirs, leurs questions avec ceux des chercheurs. Chemin faisant, ils ont engrangé, ils l’avouent, de véritables «  découvertes  » sur un travail qui pouvait leur sembler connu. C’est cette aventure que restitue un DVD fraîchement édité (1), à mettre, sans aucun doute, entre toutes les mains de celles et de ceux que préoccupent la crise du travail et la recherche des moyens d’en sortir.Une série d’entretiens avec les acteurs de cette recherche-action dégagent une certaine vision du travail réel, toujours source de surprises, jamais conforme aux prescriptions. Un travail où «  chacun y met de sa personne  », sans cesse tiraillé entre exigences de rentabilité pour les uns et aspiration à la tâche bien faite pour les autres. Placé au cœur de cette contradiction, le travailleur souffre, certes, mais rien ne serait plus erroné que de le regarder seulement comme une victime, montrent les intervenants. «  S’il y a souffrance, c’est aussi parce qu’il 
y a résistance.  » Et toute la question est de s’appuyer sur cette résistance de chacun dans son travail pour poser collectivement le problème de son organisation, font valoir les chercheurs.

Cette démarche, des élus du personnel des usines de production du Mans, de Sandouville, du technocentre de Guyancourt et du réseau commercial racontent comment ils l’ont mise en œuvre, allant voir leurs collègues, questionnaire en main  : «  C’est quoi, une bonne, une mauvaise journée, pour vous  ?  » Et comment elle les a bousculés  : «  Ça nous a appris à faire s’exprimer les salariés. On avait l’habitude de s’exprimer à leur place.  » Ainsi s’esquisse une manière de «  retricoter la revendication sociale à partir de la réalité du travail  », dont l’efficacité – le DVD en offre plusieurs témoignages éloquents – est vite prouvée tant pour les salariés dans leur quotidien que pour la crédibilité, la confiance dans le syndicat. On ne trouvera donc pas ici de recette magique, mais une expérience stimulante et riche d’enseignements, portant bien au-delà du périmètre de Renault.

www.emergences.fr

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