Rencontres Sociales

Édito

SeaFrance : avarie majeure

10 janvier 2012 - Jean-Philippe Milesy

Avouons le, nous sommes nombreux à avoir rêvé un peu autour de la reprise de SeaFrance par une scop.
Ici même nous avons régulièrement repris le feuilleton qu’en donnait l’Association pour l’Autogestion.
Aujourd’hui le rêve est brisé, mais cet échec demande inventaire.
Premier élément, nous avons appris que le syndicat Maritime Nord faisait l’objet de la part de sa confédération, la CFDT, de nombreuses interrogations. Comme le disait Philippe Frémeaux ce mardi matin sur France Culture, il aurait été préférable que ceci ait été examiné plus tôt. Cette révélation tardive, pour justifiée qu’elle soit, est venue percuter le débat utile sur la scop en tant que réponse des salariés.
Il est vrai que la démocratie sociale est le fondement de toute scop et elle apparaît aujourd’hui avoir été fort "singulière" à SeaFrance.

Couverture Frémeaux Deuxième élément, l’intervention intempestive du Chef de l’Etat, que l’on a du mal à ne pas considérer comme manœuvrière en campagne électorale, a brouillé le cours de la démarche. Alors que la SNCF (EPIC) vient de verser à l’Etat un "dividende" de 230 millions d’euros, on s’étonne que l’actionnaire de SeaFrance n’ai pas eu la volonté et les moyens de travailler à un projet stratégique pour sa filiale, et que le Président de la République, prompt à donner ses instructions en matière de droit de grève, soit si peu entendu quand l’emploi est en jeu.

Il est vrai qu’une scop est une alchimie particulière, d’engagement, de démocratie et de réalisme économique. Les scop, issues du volontarisme des politiques ou des syndicalistes, ont presque toutes disparu, alors que la résistance des scop est supérieure à celle des entreprises "classiques".
Cette alchimie explique en partie leur faible nombre.

Mais plus profondément, il existe encore une incompréhension des démarches d’ESS de la part du plus grand nombre des analystes et journalistes (comme en fit preuve dans la même émission de France Culture le chroniqueur matutinal) ; davantage encore s’impose une résistance des "oligarchies" financières présentes au sein des gouvernements à accepter une économie plurielle où le profit arraché et accumulé pour les actionnaires ne serait pas la "loi naturelle".

Alors que le balancier ne nous entraîne pas. Le (fol) espoir né et déçu de l’aventure scop de SeaFrance ne doit pas entraîner une désaffection (tout aussi folle) pour le développement des scop. 2012 est l’Année internationale des coopératives, elle sera sans aucun doute riche d’expériences et d’enseignements.

Jean-Philippe Milesy, Délégué général de rencontres sociales

Au quotidien "La Tribune" une reprise coopérative a été évoquée et des commentateurs ont crié leur étonnement ; rappelons que Le Courrier Picard et L’Yonne Républicaine fonctionnèrent des années sous ce statut.

La semaine passée il a été fait référence à un important article de Michel Rocard et Pierre Larrouturou dans le Monde en voici le lien : http://www.lemonde.fr/idees/article...

Nous rappelons en illustration l’ouvrage de Philippe Frémeaux aux éditions "Les petits matins", qui se révèle si utile en ces temps.

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